Si vous voulez suivre l’histoire depuis le début : 1er épisode / 2ème épisode
Lundi 7 mars 2016 : Un lundi chargé pour moi, avec une visite prévue à l’hôpital. Je vois la chirurgienne qui m’a opérée, on enlève le plâtre et aussi les fils (ouille, ouille) mais le résultat est positif, car je n’ai pas d’infection et je cicatrice très bien et au final les cicatrices seront assez discrètes.
Je vais ensuite chez l’orthèse pour faire des attelles personnalisées (je peux choisir la couleur extérieur de l’attelle) et elles sont moulées directement sur mon bras et ma main. J’ai un bon feeling avec cette femme, qui a du plaisir à m’expliquer son métier et au final je passe un bon moment.
Le but de ces attelles, c’est de pouvoir reprendre un semblant de vie, je dois juste les porter pour dormir et quand je sors, afin de me protéger des bousculades.
Mardi 8 mars : Comme presque tous les jours, Eric vient m’aider pour les courses, la vaisselle, le chat, etc. Il habite le même canton que moi, mais lui habite en campagne alors que moi je suis en ville, et à chaque fois il râle car ici c’est trop pollué et que ça lui cause des problèmes de santé. Il me fait comprendre qu’il veut espacer ses venues chez moi, et il est exaucé sur le champ, car il se fait mal au pied. Il rentre chez lui clopin clopant.
Mercredi 9 mars : En fin de journée, Eric me téléphone pour me dire qu’il est à la permanence, car il a toujours mal au pied, qu’il a toutes les peines du monde à marcher et qu’il ne peut plus conduire. Au final rien de grave, mais une bonne entorse. Il est donc à son tour « handicapé » et il reçoit en cadeau une paire de cannes et un soulier de marche, ainsi qu’une mise au repos d’au moins une semaine.
Je suis soulagée de savoir que ce n’est rien de grave et qu’il faut juste qu’il reste un peu tranquille, mais moi je suis très emmerdée pour la vie quotidienne !! Je n’ose toujours pas sortir toute seule, et au delà de ça, je suis totalement incapable de m’habiller seule, je parle de mettre une veste avec l’attelle et surtout je n’ai toujours pas commencé la physio et je dois encore garder mon bras sur la poitrine une bonne dizaine de jours. J’avoue que j’angoisse un peu.
Jeudi 10 mars : Mon premier rendez-vous avec ma physio, en début d’après-midi et j’ai la chance que ma voisine, qui s’occupe aussi de m’aider à ouvrir mes repas, va dans la même direction que moi et elle accepte de m’emmener.
J’ai beaucoup de chance, car ma physio me plaît bien, une femme qui a presque le même âge que moi, douce, qui explique bien les choses (comment mon bras, mon coude et mon épaule fonctionnent) les gestes que je peux faire sans crainte, ceux à éviter, ainsi que quelques exercices pour assouplir le tout, et nous fixons les 9 premiers rendez-vous.
Samedi 12 mars : J’ai dû expliquer la situation à ma voisine et elle a la gentillesse de prendre la relève après Eric, et l’on s’organise pour faire les courses 1 ou 2 fois par semaine, avec son caddie qui nous est d’un grand secours. Elle passe aussi tous les jours voir comment je vais, mon moral, s’occuper du chat, ouvrir mes plats qui sortent du micro-ondes.
Lundi 14 mars : Une nouvelle semaine commence, le soleil est au rendez-vous, mon optimisme est en hausse et je me prépare moralement à sortir totalement seule pour aller chez ma physio pour ma 2ème séance. La voisine passe m’aider à enfiler ma veste, et me voilà partie comme une grande, toute seule pour ma séance.
Je profite du soleil et de la douceur de l’air, et finalement je savoure ce moment où je me retrouve seule et à l’air libre. Avant de rentrer à la maison, j’en profite pour aller m’acheter un truc à grignoter et je ne me gêne pas de demander à un vendeur de bien vouloir m’aider à attraper un croissant et à le mettre dans le sachet ! Les gens sont aimables à mon égard et ne rechignent pas à me donner un coup de main.
J’arrive enfin à utiliser mon ordinateur, même si je tape seulement avec 2 doigts et que le déplacement de la souris est encore difficile et hasardeux.
Vendredi 18 mars : Eric va enfin mieux, il réussit à enfiler des chaussures, même si au bout d’un moment ça appuie sur le pied et que ça fait mal, il passe un moment avec moi et on en profite pour faire des courses pour plusieurs jours.
Cela fait 10 jours que l’on ne s’est pas vu, et il est étonné et ravi des progrès fulgurants que je fais. J’arrive maintenant à enfiler ma veste toute seule, je peux aussi ouvrir les plats micro-ondables seule, j’arrive à ouvrir les sachets de nourriture pour le chat, même si parfois c’est difficile. Et chaque journée est une victoire, avec une nouvelle chose que j’arrive à faire, même si parfois je dois m’acharner pendant de longues minutes pour arriver à mes fins. La plus grande partie de la journée je ne porte pas mes attelles, je m’habitue à mes cicatrices, qui par moment me gratouillent, et petit à petit j’accepte ma situation.
Samedi 19 mars : Encore une belle journée, avec un soleil chaud pour la saison et pour une fois je décide de sortir juste pour le plaisir de me balader. Finalement, je me pose sur un banc pour faire le lézard et je regrette de ne pas avoir pris un bouquin, même si en y réfléchissant j’aurai eu du mal à tourner les pages. C’est une chose qui me manque de ne pas pouvoir lire, mais je n’arrive pas à tenir le livre et tourner la page est un geste très pénible, qui au final gâche le reste … mais j’y suis presque.
Jeudi 24 mars : 4ème journée chez la physio, pour l’instant on fait de la physio passive, ce qui veut que ce n’est pas moi qui fait les mouvements, et à chaque fin de séance, j’ai un mini-massage pour détendre les muscles et ça me fait un bien fou. Je m’améliore, il n’y a pas de doute, mais j’ai super mal aux muscles et dès que je tente de faire quelque chose à la maison (un peu de vaisselle ou du rangement, ou même déplacer un truc qui fait plus d’un kilo) je grimace.
Dimanche 27 mars : Je commence à prendre le rythme, la physio 2 fois par semaine, idem pour la douche. Je suis déprimée par les infirmières qui ne sont jamais les mêmes et qui passent 2 fois par jour. Alors que l’on m’avait dit que j’aurai un staff d’infirmières, toujours les mêmes et pas plus de 5 !! Pour l’instant au total depuis plus de 30 jours, il y a plus de 30 infirmières différentes qui sont passées !
J’ai l’impression que mon corps ne m’appartient plus et que mon appartement ressemble à un hall de gare avec tous ces inconnus qui entrent chez moi, ça commence à me peser et à me rendre agressive.
Jeudi 31 mars : J’ai de plus en plus confiance en moi pour sortir seule et faire de petites courses pas trop lourdes, donc pas plus de 2 kilos pour ma main gauche. Quand la température est agréable et que le soleil brille, m’asseoir sur un banc et profiter, pouvoir lire enfin !
Une chose commence à me manquer, le fait de ne pas pouvoir prendre soin de moi, pas de crème sur le visage (je n’arrive pas à l’étendre), encore moins de se maquiller. Ma peau est sèche, pleine de peaux mortes, des boutons aussi à cause du lavage à la lavette que je n’avais plus pratiqué depuis que j’ai 8 ans ! Mais au moins j’ai l’occasion de me rendre compte que mes produits font de l’effet.
Pas simple non plus de savoir que je ne peux rien mettre d’autre que mes 3 trainings et mes 2 pulls. Je me dis qu’il faut que je me fixe des objectifs, mais vous saurez tout cela au prochain numéro.